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> Les Plantes Myrmécophiles
k2rantitache
* Tuesday 01 February 2005 à 00:54
Message #1


Gyne womanizer®


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Que sont des plantes myrmécophiles?


Parmi les quelque 300.000 espèces de plantes à fleurs, environ 500 ont établi d'une façon ou d'une autre une relation avec les fourmis.
Ces plantes vivent en véritable symbiose avec des colonies de fourmis puisque chaque partenaire de cette liaison en tire un bénéfice.
Les fourmis reçoivent généralement de la plante un abri ou de la nourriture, tandis que la plante est protégée par les fourmis contre des herbivores ou même contre d'autres plantes.
Les plantes myrmécophiles se trouvent sur tous les continents, surtout dans les tropiques.
Il y a des fougères myrmécophiles, des arbres myrmécophiles, des palmiers, des aracées et même des orchidées myrmécophiles.
La relation de coopération entre les plantes et les fourmis est donc apparue plusieurs fois au cours de l'évolution.
Il s'agit le plus souvent d'un lien fixe entre une espèce végétale et une espèce de fourmi.


Les Rubiacées myrmécophiles

De nombreuses plantes de la famille du caféier (Rubiaceae) ont une relation particulière avec les fourmis.
Dans les forêts tropicales de basse altitude situées près des rivières, dont le sol est humide ou souvent inondé, beaucoup d'espèces de fourmis construisent leurs nids haut dans les arbres.
Les parois de ces nids sont faits de débris organiques cimentés par du limon.
Les fourmis choisissent souvent une Rubiacée comme arbre hôte. Ces plantes portent souvent de grandes quantités de pucerons et de cochenilles qui se nourrissent de la sève et qui excrètent des liquides riches en sucres.
Ces derniers servent de nourriture aux fourmis qui, à leur tour, protègent les pucerons et les cochenilles contre les prédateurs.
Certaines Rubiaceae se sont tellement bien adaptées à la présence de fourmis qu'elles ont développé des structures dans lesquelles les fourmis peuvent habiter.

Ces structures ont des formes diverses :

les tiges peuvent être creuses ou les feuilles peuvent développer à leur base des petits sacs ou des petites urnes.

Les adaptations les plus remarquables se rencontrent chez les Myrmecodia et les Hydnophytum d'Asie tropicale et d'Australie. Ces épiphytes forment à la base de leur tige un gros bulbe creux, parcouru de cavités reliées par des couloirs et dans lesquelles vivent les fourmis.
La plante et les fourmis vivent en parfaite symbiose.
La plante fournit un abri idéal pour les nids des fourmis, tandis que les fourmis protègent la plante contre les insectes ravageurs.
Par ailleurs, les fourmis fournissent aussi de la nourriture.
Dans les bulbes creux de la plante il y a des petites glandes qui peuvent absorber des éléments nutritifs.
Ceux-ci proviennent de la décomposition de fourmis mortes ou de débris de matière organique et peuvent ainsi être absorbés par la plante.

Myrmécodia peut pousser jusqu'à 3500 m d'altitude en Nouvelle-Guinée, la seule condition étant la chaleur et l'absence de saison froide

On rencontre des plantes myrmécophiles dans de nombreux groupes végétaux. En voici quelques exemples.


La plante à urnes (Dischidia imbricata, pectenoides, rafflesiana)

La plante à urnes (Dischidia pectenoides) a des feuilles creuses qui peuvent servir de nid aux fourmis.
Les fourmis entraînent avec elles de la matière organique qu'elles accumulent dans leurs nids.
La plante développe des racines adventives dans leurs feuilles creuses.
Les fourmis remplissent l'urne de terre et de débris végétaux dont la plante absorbe les sels minéraux et l'azote par des racines à l'intérieur de celle-ci.
Les fourmis, elles, ont trouvé un endroit sûr pour leurs nids.




Les fougères myrmécophiles (antfern)

Les fougères épiphytes du genre Lecanopteris développent des rhizomes épais et creux.
C'est dans ces rhizomes que vivent les colonies de fourmis.
La plante profite des minéraux provenant de la décomposition des matières organiques apportées par les fourmis.
Les fourmis, elles, profitent d'un nid préfabriqué.




L'Acacia cornigera

L'Acacia cornigeraest un arbre pionnier d'Amérique latine.
Ses épines creuses abritent des fourmis agressives.
Ces fourmis protègent la plante contre les animaux nuisibles;
chaque insecte qui se pose sur l'arbre est immédiatement mangé ou chassé par les fourmis.
Ces insectes éliminent même des plantes grimpantes ou des plantes qui se développent trop près de l'Acacia.
Outre les possibilités de nidification dans ses épines creuses, l'Acacia fournit encore de la nourriture aux fourmis.
Les folioles sont munies de protubérances riches en protéines.
Cette forme de symbiose se retrouve également chez de nombreuses espèces africaines d'Acacia.

Acacia sphaerocephala
(Mimosacée)

Les fourmis ( Pseudomyrmex, complètement dépendantes des acacias) logent dans les épines creuses et se nourrissent de pseudo-nectaires, petit organe jaune et riche en protéines à l'extrémité des folioles.
En contrepartie, elles défendent leur arbre contre toute attaque de phytophages, dévorant les bourgeons des plantes grimpantes.
Les acacias myrmécophiles ne produisent pas de toxines du fait de la protection des fourmis.
Au contraire, les Acacias non myrmécophile produisent des substances toxiques repoussant les phytophages.


Le Cecropia (Cecropia teesmanii)
(Cecropiacée, Amérique tropicale)

Cet arbre, de 12 m de haut, pionnier d'Amérique tropicale vit en symbiose avec les espèces de fourmis du genre Azteca particulièrement agressives.
Ces fourmis habitent dans les troncs creux.
Lorsqu'on frappe le tronc d'un Cecropia, l'on entend bien qu'il sonne creux.
Juste au-dessus du point d'insertion des feuilles, la paroi du tronc est particulièrement mince;
elle est facilement percée par les fourmis qui ont ainsi accès aux cavités. Comme chez l'Acacia cornigera, les fourmis défendent "leur" arbre.
Le Cecropia nourrit aussi "ses" fourmis.
A la base du pétiole se développent de minuscules bâtonnets riches en hydrates de carbone.
Ces "corps de Muller" sont consommés par les fourmis.


Palmiers myrmécophiles

Les rotins sont des palmiers grimpants des forêts tropicales asiatiques. Leurs longues tiges flexibles servent à la fabrication de meubles en rotin. Certaines espèces de rotins vivant en symbiose avec des fourmis.
Ces palmiers sont souvent munis de forts aiguillons.
Ils grimpent grâce à de longs flagelles qui sont recouverts de crochets en forme de hameçon.
Ces flagelles se balancent au gré du vent et s'accrochent ainsi à la végétation.
Plusieurs rotins ont leur méristème protégé par une spathe fibreuse;
c'est dans cette gaine que vivent les colonies de fourmis.
Elles sont agressives et mordent dans tout ce qui touche "leur' palmier.


Une orchidée myrmécophile (Schomburgkia tibicinis)

Les pseudobulbes de cette orchidée sont creux et constituent un lieu de nidification pour les fourmis.
Celles-ci apportent des débris organiques à la plante.
Les deux parties en tirent un bénéfice.


Un tillandsia myrmécophile (Tillandsia caput-medusae)

Les bases imbriquées des feuilles de ce tillandsia forment une sorte de chambre dans laquelle vivent des colonies de fourmis.
Celles-ci accumulent des débris organiques dans leurs nids.


Eléosomes

De nombreuses graines de plantes à fleurs possèdent une excroissance charnue, provenant d'une partie du tégument.
Cet éléosome est très riche en graisses et en hydrates de carbone. Les fourmis en raffolent.
Lorsqu'une fourmi trouve ce genre de graine, elle emporte vers son nid l'éléosome et bien sûr, la graine qui y est attachée.
Après un certain temps, l'éléosome se détache de la graine qui reste sur place, mais qui a été entraînée suffisamment loin de la plante mère et lui permettra de pousser sans compétition.
Des exemples sont fournis par l'anémone sylvie (Anemone nemorosa), la chélidoine (Chelidonium majus) et plusieurs violettes indigènes.
Chez le ricin (Ricinus communis), fréquemment cultivé comme annuelle d'ornement, cet éléosome est très grand et bien visible.


Myrmecodia, Hydnophytum
(Rubiacée, Asie et Océanie)

Plante épiphyte de 10-20cm.
Les tiges sont renflées ou tubérisées permettant de résister aux saisons sèches.
Les feuilles sont réunies au sommet de la tige.
Les fourmis entrent par des trous et ont accès à un réseau de galeries déj à formé.
Les excréments des fourmis, les restes de proies sont placés dans des zones très précises du tubercule où la plante développe des racines qui absorbent ces élément riches en azote.
La plante produit régulièrement des petits fruits rouges dont les fourmis sont très friandes (pulpe sucrée).
Il est difficile d'expliquer la raison pour laquelle certaines plantes sont colonisées et d'autres pas.
Apparemment les fourmis préfèrent des plantes adultes.
Il est à remarquer que les plantes sans locataires sont plus petites que les plantes habitées, on pense que l'irritation due aux passages des fourmis et les apports d'azote contribuent à la croissance de la plante.
arrow.gif Images de Myrmecodia


Nepenthes bicalcarata
(Asie tropicale et Océanie, Nepenthacée )

Plante carnivore originaire de Bornéo, les feuilles se terminent par des urnes de 15cm, roussâtres, munies de deux éperons situés sous le couvercle.
Les insectes sont attirés par les couleurs vives et les glandes à nectars. Ceux-ci descendent dans l'urne et glissent dans l'eau où ils sont noyés et digérés par la plante.
Une petite fourmi du genre Camponotus vit dans le pétiole renflé entre l'urne et la feuille et y pénètre par de petits orifices.
Les colonies sont petites, environ 30 individus.
Ces fourmis se nourrissent peu, de nectar, mais surtout de cadavres retirés de l'ume, et particulièrement d'une autre fourmi, noire et plus grande. Cette espèce, qui profite de la nourriture et du logement sans se faire piéger par la plante, offre encore un domaine d'investigation important...


Coupe dans une chambre d'Hydnophytum avec une colonie de fourmis dedans :



Gardenia :



Morinda citrifolia :





Conclusion


Il est difficile d'expliquer l'origine de la myrmécophilie.
Il existe en effet de nombreux cas différents et ces formations sont apparues parmi des familles sans relations entre elles.
Par contre, certaines familles ont une tendance à la myrmécophilie comme par exemple les Rubiacées, mais les structures offertes sont si différentes d'un genre, voire d'une espèce à l'autre, qu'il semble difficile d'y voir une communauté d'origine.

Le fait de la co-évolution ne fait aucun doute.
Il n'est cependant pas possible d'affirmer que ces plantes ont été créées pour les fourmis ou que les fourmis ont utilisé les structures complexes des plantes par hasards... !

Il ne faut pas oublier que toutes les relations plantes fourmis ne sont pas mutualistes.
Dans certains cas, l'avantage réside seulement pour l'un ou l'autre.
La myrmécophilie est une association à profits réciproques.

Généralement, l'association entre plantes et fourmis est relativement libre dans le sens où les individus d'une même espèce de plantes peuvent être colonisés par des espèces de fourmis différentes et vice versa.
Il arrive même que plusieurs colonies différentes se retrouvent associées à une seule plante.

Parfois la relation est très étroite.

Les Rubiacées épiphytes semblent avoir atteint la perfection de la symbiose bien que pouvant végéter sans fourmis durant un certain temps.

Ces plantes ne croissent normalement qu'avec ces fourmis, ce qui montre bien l'utilité des substances azotées et minérales apportées par celle-ci.

Cette forme de symbiose est absente des régions tempérées.
Toutefois des interactions entre fourmis et plantes, sous une forme peu élaborée, ont été constatées.

Les cerisiers et les pruniers portent des nectaires sur le pétiole des feuilles.
Ce sont des nectaires extrafloraux.
Lorsqu'ils sont actifs et produisent du nectar, sécrétion sucrée et riche en éléments nutritifs, ces nectaires attirent des fourmis.
Or, des nectaires extrafloraux sont connus dans beaucoup de plantes myrmécophiles.

Nous voyons qu'il y a des adaptations parfaites de certaines plantes et d'autres essais maladroits de certaines autres qui n'ont pu se développer. La raison la plus probable à ce manquement viendrait des saisons froides...

Mais on doit dire que la biologie de ces plantes est malgré tout peu connue et que des surprises peuvent nous être réservées.




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k2rantitache
* Friday 04 February 2005 à 10:02
Message #2


Gyne womanizer®


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M.A.J

Un très bon bouquin sur ce sujet

Les Fourmis Et Les Plantes
Auteur : Jolivet, Pierre
Editeur : Boubee
Parution : 01/07/1988
Expédition : Format Moyen


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