Fourmilières creusables : synthèse Options

[zanahary]

1 -Définition

Un nid creusable repose sur la capacité des fourmis (la majorité des espèces) à creuser salles et galeries dans un substrat adapté. Il s'oppose au nid pré-creusé qui se fonde sur un schéma établi et réalisé par l'éleveur lui-même.

1.1 - Pourquoi un nid creusable ?

Les motivations de l'éleveur sont généralement de 5 ordres :

- rapprocher son élevage au maximum des conditions naturelles
- dynamiser l'activité de la colonie
- ajouter un point remarquable pour observer et apprécier l'évolution de la colonie
- par souci esthétique
- pour mettre en valeur les capacités architecturales des fourmis

Bien souvent il s'agit d'un mélange de tous ces aspects, selon un équilibre propre à chacun.

Cependant, l'élaboration d'un tel nid demande une certaine expérience et une connaissance minimum de l'élevage et la construction de nid, afin d'éviter et de contourner les difficultés principales inhérentes à ce type de projet :

- Le risque de construire un nid inexploitable pour l'observation avec un choix de substrat ou de matériaux inadaptés à l'espèce, ou en optant pour des profondeurs de salles et galeries trop grandes ou trop petites.
- En ne maîtrisant pas suffisamment l'humidification du nid, les aspects sanitaires et les aspects hygiéniques.
- En y implantant une colonie trop jeune.

Pour aborder ces points il est donc préférable de commencer par des nids classiques, généralement en béton cellulaire en creusant les salles et les galeries au préalable (voir le B-A BA). Une fois la colonie bien développée, il sera toujours temps de la transférer dans un nid qui offrira aux fourmis le choix de creuser ou non.

La galerie, partie nids creusables

1.2 - Pour quelles espèces et à quel moment ?

Lasius niger, Lasius flavus, Crematogaster scutellaris, Camponotus vagus, Tetramorium caespitum, Messor capitatus, Messor barbarus, .. sont des espèces avec lesquelles l'expérience a été tentée. Certains éleveurs évoquent un risque d'éboulements particulier pour les grandes espèces. Un substrat adapté à leur taille demanderait une attention particulière. A confirmer.

Il faut respecter un principe de bons sens valable quel que soit le type de nid pour lequel on a opté : on ne construit pas sans savoir quelle sera l'espèce que l'on va y installer.

Les nids à creuser sont exploitables avec de colonies qui comprennent déjà de 20 à 30 ouvrières, voire 50 au minimum ! Une fondation, ou une petite colonie, y sera peu active et cherchera plus à se cacher qu'à y creuser quoi que ce soit. Une gyne seule pourrait même y périr en se réfugiant dans un coin de la zone sèche.


2 - Construction d'un nid creusable

2.1 - Vertical ou horizontal?

Les problématiques de la verticalité ou de l'horizontalité du nid sont les mêmes que pour les constructions classiques. Petit rappel : les fourmilières naturelles sont construites sur des plans horizontaux avec très peu voire pas d' à-pic ou de pente raide (à confirmer). L'horizontalité génère donc plus de galeries d'aspect naturel. Le nid vertical diminuerait le risque de fourmis se cachant sous le substrat ; il est par contre plus difficile à humidifier.

2.2 - Ecueils à éviter

L'erreur la plus courante concerne la profondeur des galeries et des salles. Les fourmis (reine la première) ont tendance à s'abriter de la lumière. Avec des galeries trop profondes, les fourmis se cacheront en dessous et vous ne verrez rien. Trop peu, le nid est inexploitable.
On conseille entre 2.5 et 3.5 mm pour des Lasius sp, voire moins pour les très petites espèces, 7-8 mm pour des Camponotus vagus, 1 mm pour des Crematogaster scutellaris dans du liège. Attention, si vous utilisez une vitre collée au silicone, il faudra compter l'épaisseur supplémentaire de celui-ci !

Ces mesures sont données à titre d'exemple car il y a encore aujourd'hui trop peu d'expériences menées sur ce sujet pour pouvoir être affirmatif.

Enfin, quel que soit le substrat choisi, il est conseillé de creuser une petite loge à l'entrée pour les aider à entamer leur travail de forage.

Exemple de conséquences de galeries trop profondes (réalisation hugo)

2.3 - Les matériaux

La terre (ainsi que toute autre matière organique) est à bannir. Elle est vecteur de moisissures, bactéries et acariens. On parle actuellement beaucoup de la mousse oasis, mais il y a aussi le liège (pour les espèces lignicoles) ou le sable (avec certaines contraintes).

La mousse oasis :

Cette mousse est utilisée par les fleuristes (chez qui on la trouve facilement) et en décoration. Il en existe deux sortes : celle pour fleurs sèches et l'autre pour les fleurs fraîches. C'est cette dernière qu'il faut utiliser car elle permet une meilleure humidification.
La verte est la plus courante et la moins chère, mais on en trouve d'autres couleurs (jaune, rouge, bleu...). Elle se vend couramment en bloc ou directement en poudre. Elle se mixe (au mixeur) et se tasse. On peut la placer dans les galeries et racler le surplus à la règle. Une partie technique est à venir. Elle précisera les modalités d'application.
Si c'est du béton cellulaire qui l'accueille, l'humidification se fera par son intermédiaire avec un système de mèche utilisant le principe de capillarité (voir le B-A BA). Dans le cas d'un dispositif autre (entre deux plaques de plexiglas ou de verre), l'humidification devient plus complexe et rejoint celle du sable (utilisation d'une seringue via un orifice prévu, par exemple).
Petit détail, l'entrée n'a pas besoin d'être dans la zone humide puisque les fourmis creuseront j'usqu'à atteindre l'endroit qui les intéresse.

Inconvénients : assez peu. La mousse ternit à la lumière. Elle encombre facilement l'aire de chasse (prévoir un nettoyage régulier) et est très volatile lorsqu'on la mixe.

A noter qu'il existe aussi une mousse dite de polyéther, bleue, utilisable de la même façon, servant habituellemnt en bassin de jardin ou pour la filtration des aquariums avec 3 porosités : de gros (T20) à fine (T45). Mais une seule utilisation recensée dans le cadre de ce forum ne permet pas de savoir si elle est fiable.

Exemple de nid creusable en BC + oasis (réalisation Cyp92)


Le sable :

Pour certains, l'utilisation du sable est à éviter. Il favoriserait le développement des acariens, absorberait les petites particules des déchets. A cela s'ajoutent des risques d'effondrement et une réelle difficulté pour la régulation de son taux d'humidité. Il serait toutefois envisageable dans un nid sans système d'humidification.
Pour remédier à ces soucis, on préconise du sable naturel (le synthétique n'étant pas efficace pour le drainage de l'humidité) à grosse granulométrie, pas trop concassé pour obtenir un certaine stabilité. Il peut être bouilli avant son intégration ou passé au four afin de détruire acariens et autre faune et flore nuisibles aux fourmis.

Il existe aussi du sable d'aquariophilie de granulométries et couleurs variées pour des effets esthétiques se dessinant au fur et à mesure du travail des fourmis.
Il est possible de teinter le sable avec de la gouache (3 cs de sable, 1 cc de gouache, de l'eau, 30 mn au four) sans qu'il ne se décolore à l'usage.

Le sable s'humidifie dans les mêmes conditions que la mousse, le plus simple étant encore une fois d'utiliser un support en béton cellulaire.


Le liège :

Le liège du commerce est généralement sans fongicide. Il est bouilli pour en chasser les impuretés et la faune, puis compressé avec ses propres résines. On le trouve sous forme de plaques de 16 mm pour l'isolation phonique (magasins de bricolage), de feuilles ou de rouleaux pour la décoration (classiquement, 2 mm d'épaisseur).

Bien que lent à "s'imprégner", le liège peut s'humidifier On l'utilise cependant avec des espèces lignicoles, en particulier les Crematogaster scutellaris (mais ce ne sont pas les seules) qui en fonction de l'hygrométrie ambiante ne nécessitent pas forcément de système d'humidification dans leur nid.

Un exemple de fourmilière en liège (réalisation Cékiki)


Autres :

Des essais ont été menés avec du substrat à base de bois râpé ou de terre dans un bocal. Ces réalisations sont toutefois marginales ou n'ont pas donné suite, et nous n'en pouvons dire grand chose à ce jour.

Exemple de nid en bois râpé (réalisation dany2)


2.4 - Des salles pré-creusées puis rebouchées

Certains éleveurs, suite à une erreur d'évaluation ou par choix, construisent des nids trop grands pour leurs colonies et décident ensuite de boucher certaines salles ou certaines entrées pour laisser aux fourmis la possibilité de les utiliser en fonction de leurs besoins. Il s'avèrerait que dans la grande majorité des cas, les fourmis s'empressent de tout "ouvrir" et ce de façon quelque peu gratuite, trompant les perspectives du concepteur qui en revient au point de départ avec en plus du substrat répandu chaotiquement dans la fourmilière.
Le mieux, comme indiqué au début de cette synthèse, resterait donc de ne proposer de nid creusable qu'à un colonie populeuse et dans une configuration qui laisse le choix aux occupantes (la partie creusable en extension d'une partie pré-creusée, par exemple).



2.5 - Quelques nids particuliers

Nid en terre dans un bocal (réalisation dany 2)

Nid cylindrique avec substrat en sable et chauffage central (réalisation Touta 14)


[EDIT 01/07] Premières corrections dans le fond et la forme suite aux remarques de Cyp92.

Ce message a été modifié par zanahary: Saturday 05 July 2008 à 15:28

Raison de la modification: quelques corrections, essentiellement orthographiques :)

[Cyp92]

Merci

[k2rantitache]

il y a des liens qui ne fonctionnent pas

Solenopsis geminata

J'ai tout de suite enlevé ceci car nous ne cautionnons pas l'élevage d'sp exotiques qui plus est considérée comme hautement invasives.
il n'y a que Was qui en fait ici dans un but strictement pédagogique et je rajouterais qu'il se trouve dans une zone déjà infestée à Tahiti.

fin de la parenthèse car il me semblait bon de la faire

beau boulot

[zanahary]

C'était un plaisir et cela m'a beaucoup appris. C'était le but. Merci à cyp92 et adame pour leurs remarques.

Les liens sont corrigés.

Zana