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> [Ecologie] - Comment expliquer la "réussite" des fourmis
k2rantitache
* Wednesday 27 October 2004 à 14:18
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Gyne womanizer®


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Des milliards de milliards d'individus, une biomasse équivalente à celle des humains : comment expliquer la "réussite" des fourmis ? Hyper-organisées mais dénuées d'autorité centrale, elles se font confiance...



Quoi de plus organisé qu'une fourmilière ? Difficile cependant de s'en apercevoir au premier abord. Quel enfant n'a pas essayé un jour d'y creuser, pour voir, suscitant par là-même l'affolement généralisé des bestioles ? ! Et pourtant, la modélisation de leur comportement collectif a par exemple inspiré... la définition d'algorithmes de routage pour optimiser le transport des données dans les réseaux télécom. Ou encore, la création d'outils de simulation pour améliorer la gestion des stocks. L'étude d'une fourmilière permet d'y découvrir un fonctionnement étonnant qui allie efficacité collective et absence d'autorité centrale.

[size=18][font=Comic Sans MS:23edc823cb]Une efficacité collective hors pair

Dans l'univers des insectes, 98% des espèces ont un mode de vie solitaire, et seules 2% vivent en société. Mais cette minorité représente à elle seule les trois quarts du poids total des insectes. Autant dire que le passage de la vie solitaire à la vie sociale est l'une des causes principales de la réussite de ces êtres vivants. Avec une organisation assez proche de celle des termites, des abeilles ou des guêpes, les fourmis font preuve d'une efficacité collective étonnante. Une fourmilière est en effet caractérisée par une forte division du travail et une minutieuse [b]spécialisation des tâches
. Ainsi, les individus représentent des fonctions : la reine et les mâles assurent la descendance ; les ouvrières, stériles, endossent le rôle de soldats défenseurs, côté "majors", pendant que les "minors" se chargent de l'approvisionnement et de l'entretien. L'analogie avec les tissus d'un organisme est assez troublante : de même que les cellules d'un corps, les individus qui composent une fourmilière ont en commun une forte proximité génétique, et pourtant, des fonctions spécialisées existent : l'approvisionnement, la reproduction, ou la défense. En conséquence, cela appelle un système d'échange et de communication. Entre fourmis, est-on aussi bavard que dans une ruche ? "On a identifié plusieurs canaux de communication, relève Pierre Jaisson
[*]. Les signaux chimiques, bien-sûr, mais aussi tactiles, à travers les antennes, et acoustiques, puisque les fourmis émettent des vibrations qu'elles perçoivent ... par les pattes".

Mais la répartition des rôles n'exclut pas une certaine faculté d'adaptation : on remarque par exemple qu'une fourmi devient guerrière plus rapidement si la société dans laquelle elle vit est confrontée à un grand nombre d'ennemis. L'expérience vécue, la pression des ennemis accélèrent donc l'évolution d'une fourmi et augmentent ses capacités de défense. Pierre Jaisson précise qu'une "fourmi naît avec des prédispositions qui se développent avec l'âge et les circonstances, offrant ainsi une sorte de plasticité de l'individu et de la société à laquelle il appartient".

[size=18][font=Comic Sans MS:23edc823cb]Une formidable diversité

Organisées et communicantes, les fourmis sont également dotées d'une exceptionnelle diversité, qui renforce leur capacité d'adaptation aux changements environnementaux. Sur les 11 000 espèces répertoriées ( !), seules 500 à 1000 font l'objet de recherches scientifiques. Cette diversité est tout simplement unique dans l'univers des insectes sociaux, voire dans le monde des vivants, sans pour autant exclure une [b]capacité d'association
. Au début des années 1970, on a en effet découvert que plusieurs sociétés de fourmis s'associent et forment de véritables super-colonies qui s'étendent sur des milliers de kilomètres. "Cela est dû à l'existence d'une forte proximité génétique de certaines espèces, dont les individus sont quasiment interchangeables, même les reines. C'est un peu comme si, à l'échelle humaine, on s'échangeait des chefs d'Etat !", explique P. Jaisson. En l'occurrence, les visas étant des signaux chimiques, la proximité génétique fait que les individus distinguent difficilement leur différence d'appartenance, et les associations se créent de fait.

[size=18][font=Comic Sans MS:23edc823cb]Et surtout, un principe de "confiance absolue"

Au-delà de la diversité des espèces, P.Jaisson relève un principe commun aux organisations de fourmis déjà étudiées, qu'il qualifie de confiance absolue. En terme purement économique, la meilleure stratégie serait la tricherie : le profiteur est celui qui prend et ne donne rien. Mais "dans une société de fourmis, il n'y a pas de tricheurs. La [b]règle de décision
est la confiance absolue : aucun individu n'a de doute sur l'altruisme de l'autre", fait-il remarquer. Bien-sûr, une fourmi ne sait pas qu'elle a confiance dans ses congénères, mais son comportement, traduit dans un univers humain et en dehors de toute conception éthique, a la même apparence que si une confiance totale existait. De ce fait, nul besoin de sanction, à la différence de ce que l'on peut observer dans l'univers des vertébrés par exemple. Ainsi, chez les macaques, les stratégies de tricherie sont punies : celui qui reçoit le plus est souvent celui qui donne le plus, ce qui représente implicitement un système de sanction. Alors que "la fourmi est comparable à une cellule de notre corps qui ne se pose pas de question existentielle sur son propre sacrifice lorsqu'il est nécessaire". Par conséquent, l'autorité centrale n'a pas lieu d'être.

Seule limite du système, et elle est de taille : la capacité d'innovation. "Dans l'espèce humaine, on peut changer de formule sociale, rappelle P. Jaisson, et choisir la société dans laquelle on souhaite vivre. Au sein d'une même société de fourmis, l'innovation est plus que limitée. Elle existe seulement du fait de la diversité des espèces, et répond aux règles de la sélection naturelle".

Bibliographie :

Pierre Jaisson, La Fourmi et le Sociobiologiste (Editions Odile Jacob, avril 1993)

Science et Vie, n°1030, juillet 2003, "Insectes, Pourquoi ils vont conquérir le monde"

Tiré de http://www.decisio.info/


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