Sortie myrmécologique dans les Vosges
Par Philippe Wegnez
première journée
Depuis quelques années, j’ai pris pour (bonne) habitude d’effectuer un séjour dans les Vosges, dans le courant du mois de mai, pour fureter un peu partout à la recherche de nos amies les fourmis.
Cette année, David et Stéphane, de l’équipe Walbru (inventaire fourmis en Belgique) ainsi que Valérie (invitée) m’ont accompagné dans ce périple.
Le rendez-vous, pour le départ, était fixé, jeudi, à mon domicile. David et Stéphane ont passé la nuit à la maison tandis que Valérie nous rejoignait, le vendredi matin, à 5h30, pour le départ. Après avoir chargé le véhicule et attendu, quelques minutes, que la gente féminine arrive enfin, nous avons pris le chemin de Gérardmer.
Quatre jours de « vacances » nous attendaient, le soleil aussi. Ouf !!
A notre arrivée, vers 10h15, Jean-Christophe Rague, avec qui nous avions rendez-vous, nous a fait découvrir le Conservatoire des Sites Lorrains, tout en nous offrant le café et l’eau.
Après une courte pose et nos achats pour le dîner (déjeuner en France) nous nous sommes rendu sur une tourbière acidiphile, en prenant au passage, Claudine Demoulin, la conservatrice du site.
La tourbière abrite une belle colonie de F.truncorum. Nous y avons vus plusieurs dômes. Il y avait également des dômes de F.lugubris et nous avons trouvés quelques autres espèces comme M.scabrinodis, C.herculeanus, L.acervorum, etc. Mais la plus grosse « surprise », pour le biotope, fut la découverte de Tapinoma sp sur et dans la sphaigne. En plus des ouvrières qui courraient joyeusement sur le substrat, j’ai trouvé tout un nid (œufs, larves et ouvrières) dans la sphaigne. Jusqu’à présent j’avais toujours trouvé cette espèce (Belgique et France) dans des milieux secs et très thermophiles.
Jean-Christophe Rague et Claudine Demoulin devant un nid de F.truncorum avec David en arrière plan.
Formica truncorum
reine F.truncorum
Tourbière acidiphile avec ses Linaigrettes
Il était déjà 14h30 quand la conservatrice nous a invité chez elle afin que nous puissions, enfin, dîner. Le paysage était vraiment superbe, tout comme l’accueil.
Nous avons pris congé de notre hôtesse afin de rejoindre Louis-Michel Nageleisen (Ministère de l’agriculture et la pêche – Département de la Santé des Forêts) qui voulait nous montrer quelques gros dômes de F.polyctena. Nous avons également abordé la problématique de la protection des fourmis rousses des bois, en France.
Dôme géant de Formica polyctena
Nous nous sommes ensuite rendus dans une forêt de chênes sur éboulis (hum ! Nous n’avons pas trouvé beaucoup de chênes. Clin d’œil à Jean-Christophe) afin de chercher T.corticalis. Je ne pense pas que nous en ayons trouvés.
L’heure tourne très vite, il est déjà 18h40. Nous déposons Jean-Christophe sur son lieu de travail en nous nous donnons rendez-vous, le lendemain à 9h, au gîte où nous logeons.
Nous sommes arrivés au gîte vers 19h et nous n’insisterons pas sur l’accueil que nous avons reçu. Juste le temps de prendre une douche avant d’aller souper (dîner en France). La soirée se prolonge à table et nous prenons congé de nos hôtes pour aller, enfin, dormir. Il est 23h00 quand nous plongeons dans les bras de Morphée.
Samedi 8h. Tout le monde se lève. Je vais frapper délicatement sur la porte de Valérie afin qu’elle puisse se lever et être prête pour le déjeuner (petit déjeuner en France). Un tout petit Ouiii, se fait entendre.
8h30, nous sommes à table et Jean-Christophe arrive vers 9h.
Dans notre empressement, nous oublions de faire nos courses pour dîner, ce ne sera pas sans conséquence !
Nous nous dirigeons vers Plainfaing avec ses réserves et ses tourbières. Encore de superbes paysages et même de la neige sur les montagnes en arrière plan. Le vent est fort avec des températures plutôt basses.
Crête de Plainfaing, avec la neige en arrière plan. Valérie, David et moi. Tous au vent.
On ne s’attarde pas trop sur la crête et on prend rapidement la direction d’une tourbière. Jean-Christophe nous quitte vers 11h, je crois et vers midi nos ventres crient famine. Rien à manger aux alentours mais Jean-Christophe nous avait renseignés une baraque à pain à quelques kilomètres. Effectivement, nous trouvons une « roulotte » où nous achetons un bon pain, du fromage de chèvre, deux saucisses (aie !aie ! aie !) et un litre de jus de pomme. La saucisse cuite, sèche et fumée une vraie mer…, je ne vous dit que ça. Elle a fini sa vie dans l’estomac des paons et des poules chez notre hôte. Après cet excellent repas, nous prospectons la zone autour de la baraque à pain et nous trouvons beaucoup de nids de Tetramorium sp, des C.herculeanus, des F.sanguinea quelques Myrmica et Lasius. C’est le soir que nos hôtes nous apprennent que nous étions en Alsace sur le département du Haut-Rhin. La baraque a une terrible réputation et est connue de tout le monde sauf des touristes d’un jour. Vous voilà prévenus
L’équipe de choc
De gauche à droite :Stéphane, David,Valérie et Philippe.29 mai au 1er juin 2009.
Baraque à pain, juste sur le département du Haut-Rhin
Nous repartons prospecter sur les hauteurs mais on ne trouve plus grand-chose. Nous redescendons dans la vallée et nous déposons Valérie au gîte. Nous repartons, entre hommes, vers Gérardmer. Nous faisons le tour du lac mais rien d’intéressant, trop touristique. Nous repérons une petite tourbière à la sortie de Gérardmer. A peine descendu de la camionnette, mes deux comparses se plaignent de l’odeur nauséabonde. Nous trouvons un ruisseau où l’eau est colorée en bleu. Belle pollution ! Sur la tourbière nous trouvons quelques dômes de Formica rufa mais aussi une nouvelle station de Formica truncorum
La roche aux fées. Si !Si !
Retour au gîte, à 19h, où nous attend Valérie. Pour le souper, des pâtes alsaciennes, sans trous, et du poulet en morceaux. Je ne vous dit que ça ! Le dessert arrive, ah ! Un cake avec une crème anglaise, hum ! Arrêtez de vous lécher les babines, la crème était pleine de grumeaux et le cake n’était même pas sucré. Valérie, la coquine, a refilé discrètement son cake à Stéphane qui n’a compris que trop tard et moi je l’ai remis, encore plus discrètement, dans le plat. Par contre, la crème on n’a pas eu le choix, il a bien fallu l’avaler.
22h30, extinction des feux.
Allez ! Venez chercher la bonne saucisse cuite, fumée et sèche