Merci Benoit pour tes précisions. Par contre, un petit complèment d'information, je savais qu'il y avait des espèces de Camponotus arboricoles, mais ont-elles le même type de nid en feuilles comme les oecophylles ?
Tu parles de syndrome ("le syndrome des fourmis tisserandes" qu'est-ce que tu entends par là ? Sachant qu'un syndrome est un ensemble de signes qui s'emploient plus dans le domaine médical ou psychologique). Peux-tu préciser ?
De mon côté, je n'ai jamais entendu parler d'autres espèces utilisant la soie des larves pour accrocher les feuilles constituant le nid.
Merci pour vos réponses.

Oui, tout à fait les espèces auxquelles je faisais référence précédemment font des nids où elles tissent les feuilles les unes aux autres. Cela n'est pas réservé aux Oecophylla. Si tu remarques, dans la liste que je donne on retrouve le "syndrome" chez deux sous-familles, les formicines et les dolichoderines qui possèdent toutes deux un stade de pupaison où les larves font des cocons de soie. Pour cette même raison, aucune Myrmicine ne fait cela, probablement car elles ont des larves nues. En ce qui concerne les Ponerines, c'est peut-être dû au fait que ce genre de nid nécessite des communications et coopérations trop importantes, à moins que les conditions au sein d'un nid de ce type ne soient pas adéquates.

J'utilise le terme de syndrome avec un sens différent de celui que l'on retrouve dans le milieu médical, tu l'auras compris. Dans ce cas, on se réfère plutôt à un ensemble de traits qui ont évolués par convergence écologique. Par exemple, on parle de syndrome de fourmis nomade, qui se retrouve chez près d'une douzaine de genres différents répartis dans près de 5 sous-famillles différentes. On a ainsi catalogué un certain nombre de traits ou caractéristiques, et pour chaque espèce étudiée on regarde chacun de ces traits et les compare au "syndrome vrai" qui comporte l'intégralité de ces traits. Ainsi, disons que le syndrome vrai a 5 traits principaux, on peut faire une graduation dans le syndrome en fonction du nombre de traits exprimés.

Si cela t'intéresse, tu peux consulter l'article suivant:
Evolution of the army ant syndrome: The origin and long-term evolutionary stasis of a complex of behavioral and reproductive adaptations. Sean G. Brady, PNAS 100(11): 6575-6579.

Merci pour ces infos relatives aux fourmis tisserandes.

Pour revenir a un commentaire disparu de JLM, je ne suis pas sur que les larves d'Oecophylla soient nues. Je me rappelle avoir lu que celles qui sont utilisees pour "coudre" le nid le sont par la force des choses mais que cela ne posaient pas de probleme pour le developpement en adulte, ce qui implicitement sous-entendait que les larves "normales" formaient un cocon.

Sinon, Benoit j'ai toujours pensé qu il n'y avait pas de nymphes enfin de cocons chez les oecophylles et ton intervention me fait douter quelque peu, donc si tu as des infos complémentaires, je suis preneur.

Tu as raison JLM, les Oecophylla ne font pas de cocons et j'ai donc fait une erreur (Kinette, tu peux effacer les messages precedents maintenant. Non, je plaisante).
Ceci dit, pour continuer sur notre discussion, j'ai trouve l'info dans un article de Wilson et Taylor paru en 1964 dans Psyche (voici le lien http://psyche.entclub.org/pdf/71/71-093.pdf ). Si tu te réfères en haut de la page 101 et lis le premier paragraphe, celui-ci est très intéressant et se rapporte à ce que je disais plus haut sur les différents traits d'un syndrome. Dans le cas présent, il semble que vie arboricole et absence de cocons soient d'une certaine manière associées. J'y insère l'extrait, intéressant...

The absence of cocoons is a rare and probably derived character within the subfamily Formicinae (Wheeler, 1915) . Cocoons are omitted by many of the diverse species of Polyrhachis that are arboreal and use silk produced by their larvae for nest construction. They are also omitted by certain twig-dwelling species belonging to such genera as Camponotus (Colobopsis) and Gesomyrmex; the latter genus is included on the basis of a single naked pupa recorded by Wheeler ( I 929). Cocoons are also lacking in two related terricolous genera, Prenolepis and Paratrechina. The great majority of formicine genera, however, are both terricolous and cocoon-makers. The absence of cocoons is, therefore, correlated, but not perfectly, with the arboricolous habit.

Qu'en est-il pour les espèces strictement arboricoles de France? Si vous en avez...

Par rapport à ta dernière question : Qu'en est-il pour les especes strictement arboricoles en France? Ce que je peux dire de ma place, à partir de mes petites connaissances d'amateur, c'est que ce n'est pas le cas chez les Camponotus arboricoles stricts comme vagus, herculeanus, fallax et truncatus. Toutes les larves produisent des cocons, donc....

Le syndrome de fourmi tisserande est en réalité assez répandu chez les genres de fourmis qui présentent des caractéristiques arboricoles. Ainsi on le retrouve bien sûr chez les Formicines du genre Oecophylla, mais également chez plusieurs espèces de Camponotus décrites en Malaisie, chez les Polyrhachis, mais également chez d'autres genres comme Dolichoderus, donc chez les Dolichoderines.

Rien à voir avec la phylogénie dans ces cas, il s'agit bien de convergence évolutive (homoplasie), tout comme on peut l'observer avec le syndrome des fourmis nomades (à ce propos, jeter un œil sur la revue parue dans les articles du "early online" de Myrmecological news).

Je croyais que Camponotus vagus n'était pas à 100% strictement arboricole. C'est que j'en ai trouvé sous une plaque de plastique dans un système d'arrosage municipal.

Tu es sûr de ton identification ? Sûrement l'exception qui confirme la règle.