Aide - Recherche - Membres - Calendrier
Version complète: [News] - Co-évolution chenilles d'Azuré / Myrmica rubra + M. ruginodis
Acideformik.com > AcideFormik :: Myrmécologie > Informations sur la biologie/comportement des fourmis
Hydraméthylnon
(Même principe : copie locale pour éviter les liens morts avec le temps)

--------------------------------------------
Source : CORDIS: Service Communautaire d'information sur la Recherche et le Développement
--------------------------------------------
Une étude observe
la course aux armements co-évolutionnaire
entre les chenilles et les fourmis

[Date: 2008-01-04]



Des chercheurs britanniques et danois ont apporté de nouvelles informations dans le domaine de la biologie évolutionnaire en étudiant la relation parasitaire entre la larve de l'Azuré des mouillères et deux espèces de fourmis au Danemark. Leurs travaux ont été publiés dans le numéro actuel de la revue Science. Les chercheurs révèlent que ce parasitisme provoque une «course à l'armement» co-évolutionnaire entre la chenille et l'une des espèces de fourmis. Cette étude a été partiellement financée par l'UE.

«Des études antérieures sur les organismes microscopiques avaient déjà montré que ce phénomène pouvait également se produire en laboratoire», a expliqué le professeur en biologie David Nash de l'université de Copenhague, l'un des chercheurs participant à cette étude, lors d'une entrevue avec la revue scientifique. «Cependant, nous avons pour la première fois la preuve authentique que ce phénomène se produit également sur le terrain. »

Les chenilles vivent initialement sur une plante nourricière et ne descendent sur le sol que plus tard dans leur évolution. Elles sont ensuite prises en charge par les fourmis. En fait, à ce stade, la chenille imite la signature chimique des espèces de fourmis des espèces Myrmica rubra et Myrmica ruginodis, «et produit une odeur semblable à celle des larves de fourmi», explique le professeur Nash. Ainsi, les fourmis les considèrent comme leurs propres larves et les emportent dans leur fourmilière. Par conséquent, plus le degré de mimétisme est élevé, plus vite les chenilles sont emmenées dans la fourmilière.

Une fois à l'intérieur, les chenilles se nourrissent des larves des fourmis et peuvent même être nourries par les fourmis qui laissent mourir leurs propres larves. «Nous pensons qu'en contrepartie, les chenilles leur fournissent une sorte de super-stimulus, mais nous devons encore approfondir ce sujet», a fait remarquer le professeur Nash.

Cependant, ce processus co-évolutionnaire n'a été observé que sur une seule espèce de fourmis, la Myrmica rubra. Un tel parasitisme provoquerait des changements arbitraires dans la constitution de la signature chimique des larves de fourmis, qui à son tour coïncidera avec celle produite par les chenilles, et ainsi de suite. Cette espèce «se reproduit par bourgeonnement, ce qui signifie que les colonies voisines ont tendance à être extrêmement proches», poursuit le professeur Nash. En résulte une plus grande possibilité d'adaptation locale entre les fourmis.

Selon les scientifiques, cette espèce semble être exploitée de manière fortement variable. «Cette variation constatée dans le parasitisme est liée à l'aspect commun de la fourmi, ce qui s'explique à son tour par les actions des chenilles», a fait remarquer le professeur Nash. «Il nous reste encore à démontrer cette hypothèse, mais nous pensons que dans certaines régions, le papillon arrive à exterminer la colonie entière de fourmis. Cette espèce se raréfie et devient donc inutile pour le papillon qui se tourne alors vers d'autres espèces de fourmis en attendant que l'autre espèce se reproduise.»

Cette seconde espèce, la Myrmica ruginodis, qui indique un degré constant d'exploitation parasitaire, possède des populations panmictiques; autrement dit, il existe un degré élevé de flux de gènes sur de longues distances pour des populations de fourmis non affectées par le parasite. D'où la question que se posent les chercheurs: «la réaction des espèces de fourmis au parasite relève-t-elle de la structure sociale ou non?»

L'étude, qui avait pour but de rechercher des mesures de conservation pour l'Azuré des mouillères au Danemark, a été financée par l'UE dans le cadre d'une bourse Marie Curie. Cette dernière a été accordée au professeur Nash au titre du projet «MacMan» portant sur les papillons Maculinea au cours du cinquième programme-cadre, ainsi que par d'autres programmes de financement nationaux.

Pour de plus amples informations, consulter:
http://www.sciencemag.org/

Catégorie: Résultats de projets
Source des informations: Science
Référence du Document: Nash, D.R. et al. (2008) A mosaic of chemical coevolution in a large blue butterfly. Revue Science, 319: 88-90.
Codes de Classification de l'Index des Sujets: Coordination, coopération; Sciences du vivant; Recherche scientifique

RCN: 28923

--------------------------------------------


Merci Cekiki pour m'avoir mis sur la piste. wink.gif
sipatte
Je n'ai pas tout bien compris.
Par ex :
CITATION
Un tel parasitisme provoquerait des changements arbitraires dans la constitution de la signature chimique des larves de fourmis, qui à son tour coïncidera avec celle produite par les chenilles, et ainsi de suite.

ou
CITATION
Selon les scientifiques, cette espèce semble être exploitée de manière fortement variable. «Cette variation constatée dans le parasitisme est liée à l'aspect commun de la fourmi, ce qui s'explique à son tour par les actions des chenilles», a fait remarquer le professeur Nash.


Mais c'est très intéressant thumbsup.gif (surtout pour moi qui tente d'élever des M. ruginodis)

Merci Hydraméthylnon d'avoir poursuivi les recherches.
Hydraméthylnon
Oui, on est là en présence de ce qui s'appelle l'illusion d'évidence et qui peut se résumer par "tout le monde sait ce que je sais".

C'est un travers de beaucoup de scientifiques coincés dans leur microcosme lorsqu'ils essayent d'expliquer ce qu'ils font aux autres, ceux du dehors. C'est beaucoup pour ça que, du dehors, on a tendance à les considérer comme enfermés dans leur tour d'ivoire. Leur seule excuse est que les principes dans lesquels ils baignent tous les jours sont parfois très complexes, donc difficiles à expliquer rapidement et leur demandant de bien rester dedans pour ne pas les perdre de vue, pour bien les gérer ou simplement tenter de mieux les appréhender. Du coup, la complexité en devient habituelle, normale, "universelle". Un piège pour leur communication.

Bref, ceux-ci sont presque des exemples-types :
CITATION
Un tel parasitisme provoquerait des changements arbitraires dans la constitution de la signature chimique des larves de fourmis, qui à son tour coïncidera avec celle produite par les chenilles, et ainsi de suite.
Ce qu'il ne dit pas, c'est que ce parasitisme induit une compétition entre les larves des deux espèces pour l'attention des ouvrières.
Toute compétition induit une adaptation par spécialisation.

En plus clair (enfin, j'espère) :
- L'attention des ouvrières est fonction des phéromones produites par les larves.
- Il est de l'intérêt des larves légitimes (donc de l'espèce parasitée) de trouver/modifier leurs phéromones pour garder/reprendre leur place initiale dans l'attention que leurs ouvrières leurs portent.
Si la larve du parasite produit une phéromone plus efficace, certaines des larves légitimes auront tendance à l'imiter pour la dépasser en efficacité.

Bon, c'est finaliste, côté biochimique il n'y a rien de voulu/pensé par les insectes. Disons que, dans les variations naturelles d'une même phéromone, variations habituellement tolérées entre les différentes larves par leurs ouvrières, il en est de plus efficaces que d'autres mais elles sont toutes suffisamment efficaces pour atteindre leur but : Permettre à la larve de recevoir assez d'attention pour devenir un adulte en bon état.

Ceci, tant que le parasite n'est pas là ...
Lorsqu'il se pointe, les larves légitimes dont les phéromones sont moins efficaces que les siennes sont automatiquement éliminées, quand elles ne se font pas bouffer par lui.
(d'ailleurs, il serait intéressant de savoir si le parasite ne bouffe pas préférentiellement les larves dont les phéromones sont les plus proches de la sienne : Facile à trouver puisque c'est une question d'odeur)
Les larves de fourmis qui arrivent à faire mieux que le parasite, qui ont des phéromones plus efficaces, bien différentes, seront automatiquement sélectionnées et imposeront leur solution à toute la population, simplement en survivant.

Tout le génome de la population locale en est rapidement changé : Les fourmilières dont les larves réussissent ce coup survivent et éliminent ou réduisent beaucoup l'impact du parasite. Ceci d'autant plus vite que, lui, par sa simple présence, accélère l'élimination des larves légitimes aux phéromones moins efficaces que les siennes puisqu'il capte l'attention des ouvrières qui s'en seraient occupées sans lui et elles en meurent.
Si aucune larve n'arrive à faire mieux que le parasite, la fourmillière peut en mourir entièrement et vite, ce qui est une mauvaise affaire pour le parasite aussi.

Donc, le parasite est coincé entre deux limites :
  • Soit son imitation est de très loin meilleure que l'original et tout le monde en meurt en une ou deux générations, lui inclus,
  • soit son imitation permet la survie des fourmis mais il peut se faire éliminer, en une ou deux générations aussi, via les larves plus efficaces que lui.
De plus, les deux espèces (parasite et fourmi) sont vivantes, souples, s'adaptent à des tas de choses en permanence, comme toute entité encore vivante.

Conséquences :
  • Le parasite doit rester très souple sur la composition exacte de ses phéromones et le parasité aussi.
  • Le parasite doit rester suffisamment inefficace pour permettre la survie de son hôte.
  • Le parasite doit s'adapter rapidement aux variations de son hôte.
  • La fourmi doit favoriser ce qui la différencie du parasite, en permanence alors que tout évolue, sous peine de disparaître.
Donc, la pression de sélection du parasite induit des adaptations de l'hôte qui induisent des adaptations du parasite, etc.
On a ainsi une sorte de partie de ping-pong entre les deux espèces dont la conséquence est qu'elles sont de plus en plus étroitement liées, pour survivre l'une à l'autre : La fourmi fait ses phéromones aussi en fonction du parasite, pas seulement par rapport au but de départ (i.e. garantir la bonne fin du travail des nurses, en soi).

D'où le
CITATION
Un tel parasitisme provoquerait des changements arbitraires dans la constitution de la signature chimique des larves de fourmis, qui à son tour coïncidera avec celle produite par les chenilles, et ainsi de suite.
Trivial, en une seule phrase, non ?

-----
Deuxio :
CITATION
Selon les scientifiques, cette espèce semble être exploitée de manière fortement variable. «Cette variation constatée dans le parasitisme est liée à l'aspect commun de la fourmi, ce qui s'explique à son tour par les actions des chenilles», a fait remarquer le professeur Nash.

De ce qui précède - les facteurs limitants du parasite - il est de son intérêt de ratisser large, de ne pas avoir qu'une seule espèce cible et de "choisir" ses cibles parmi les espèces les plus courantes, abondantes et voisines côté phéromones, bien sûr.

Je décode donc celle-ci en :

Cette espèce, Myrmica rubra, semble être exploitée de manière fortement variable. «Cette variation constatée dans le parasitisme est liée à l'aspect commun de la fourmi, Myrmica rubra et Myrmica ruginodis sont des espèces courantes, ce qui s'explique à son tour par les actions des chenilles qui les forcent à être plus variables que ce qu'elles le seraient si elles n'étaient pas parasitées ainsi et qui, par les trop grands succès qu'il obtient parfois, élimine plus ou moins une de ses cibles, en vide temporairement tout le biotope (jusqu'à ce qu'elle se refasse une santé), au profit de l'autre fourmi, et inversement à un autre moment.» On peut même penser que, sans l'action du parasite, l'une des fourmis aurait éliminé l'autre.

On a donc un vrai facteur de sélection co-évolutive entre des espèces de fourmis voisines et leur parasite avec ce parasitisme-là.

Maintenant, celle-là, c'est tellement sibyllin, réduit, plein d'implicites que je peux me planter d'interprétation moi aussi. Ceci dit, ce qu'il ajoute derrière, le «Il nous reste encore à démontrer cette hypothèse, mais nous pensons que dans certaines régions, le papillon arrive à exterminer la colonie entière de fourmis. Cette espèce se raréfie et devient donc inutile pour le papillon qui se tourne alors vers d'autres espèces de fourmis en attendant que l'autre espèce se reproduise.», va dans ce sens-là.

'ach'ment "trivial" aussi.
sipatte
Merci pour l'éclairage cool.gif
Pour le deuxio, je te confirme que l'explication me semble très triviale mrgreen.gif
CITATION
Myrmica rubra et Myrmica ruginodis sont des espèces courantes, ce qui s'explique par des chenilles qui les forcent à être plus variables …
huh.gif

CITATION
On peut même penser que, sans l'action du parasite, l'une des fourmis aurait éliminé l'autre.
huh.gif

C'est clair qu'ils ont des petits efforts de communication à faire.
Ou alors : c'est une technique de sioux pour noyer les pauvres petits poissons ignares.
Ou alors : c'est le résultat d'une belle soupe de journaliste dry.gif
Hydraméthylnon
Les trois, mon général ! (les journalistes entrent en majorité dans la 2e catégorie)
Citrouille-Man
Avec un peu de chances je pourrais filer un coup de main à des personnes qui font des recherches sur les relations chenilles/Myrmica dans mon coin, faut que je les recontacte, surtout qu'il y a 5 espèces de Maculinea dans mon coin et plus de Myrmica encore...

Apparemment il y a d'autres espèces de Myrmica qui peuvent être parasitées.


Bref, si vous avez des questions, je pense qu'ils s'y connaissent largement assez pour y répondre, et comme je veux les recontacter d'ici quelques jours pour que je puisse voir si c'est toujours d'actualité...
sipatte
Eh bien une petite traduction du texte ci-dessus ne serait pas de refus wink.gif
Hydraméthylnon
Celui de Citrouille ?
Citrouille-Man
CITATION(Hydraméthylnon @ samedi 24 janvier 2009 à 08:16) *
Celui de Citrouille ?


mrgreen.gif


Donc, je disais que j'avais parlé par hasard à des personnes qui étudient la relation Maculinea (papillon parasite des fourmis) - Myrmica et qu'elles m'ont demandé s'il été possible de chercher quelques Myrmica sur un terrain, je devrai donc les revoir cette année et propose donc de leur poser des questions si ça vous intéresse quand je les recontacte thumbsup.gif

Sipatte: c'est noté smile.gif
Ceci est une version "bas débit" de notre forum. Pour voir la version complète avec plus d'information, la mise en page et les images, veuillez cliquer ici.
Invision Power Board © 2001-2024 Invision Power Services, Inc.